La recherche minière
(13/06/2009)
Il ne se passe pas de mois sans l’annonce par les grands groupes miniers (BHP Billiton, Rio Tinto ou AREVA) d’ambitieux projets miniers d’uranium. Ces annonces concernent des lancements de projets industriels avec la construction de nouvelles exploitations minières, mais aussi l’obtention de permis de recherches et, parfois, le rachat de gisements auprès de petites sociétés dépourvues des moyens financiers nécessaires pour en lancer l’exploitation.
Les pays les plus fréquemment évoqués sont l’Afrique (Niger, Namibie, Afrique du Sud, voire République Centre Africaine où cela est très aléatoire), l’Australie, le Canada ou l’Asie Centrale (Kazakhstan notamment).
Après des décennies de sous-exploitation des mines existantes et d’abandon de la prospection minière dans la plupart des pays, ces annonces ne doivent pas surprendre : en effet le regain d’intérêt observé pour le nucléaire depuis quelques années entraine évidemment une relance de la course à l’uranium, avec pour corollaire l’envol, après 20 années de marasme, des cours du yellow cake depuis 2003 qui – même s’il a depuis peu quelque peu retombé – reste incitatif pour les industriels.
Les responsables des pays et des électriciens ambitionnant de développer significativement leurs programmes nucléaires savent bien que les accroissements de production des mines actuelles ne suffiront pas à assurer ce développement : ils doivent d’ores et déjà lancer la réalisation de nouvelles mines et, en quête de nouveau gisements, relancer la prospection minière elle-même, pour un programme à long terme comme c’est le cas le plus fréquent.
Le grand public quant à lui, ne sait pas que quand la prospection est couronnée de succès, il faut 10 à 15 ans pour ouvrir une mine nouvelle. Le lancement le 4 mai par AREVA de la construction de la nouvelle mine d’Imouranen (Niger) qui fait suite à 50 années de présence des mineurs français au Niger permettra par exemple d’assurer l’alimentation des EPR qu’AREVA se propose de vendre dans les prochaines années.
Rappelons qu’au commencement des premières recherches au Niger (années 50) il n'y avait que le désert ... Puis les équipes du CEA mirent en évidence une province uranifère dans la région de l'Aïr, au NE du Niger. Sous l'impulsion des pionniers du CEA emmenés par Jacques Mabile, plusieurs associations et syndicats de recherches furent lancés avec divers partenaires étrangers et l'Etat du Niger.
Deux projets aboutirent à une mise en exploitation :
Toutes deux poursuivent toujours leurs activités, avec actuellement, une quinzaine d'années de réserves ; fin 2009, 110000 tonnes auront été expédiées (50% Somaïr – 50% Cominak).
La « Nigérisation » est complète depuis plusieurs années. Il reste une dizaine d'expatriés sur les quelques 2000 salariés des deux sociétés (800-1200) alors que des ingénieurs et cadres nigériens font carrière au sein du groupe Areva (Mongolie, Sénégal, France ...)…et Arlit est aujourd'hui une agglomération de 100000 habitants .....
Pour illustrer l’épopée de toutes ces années on lira avec intérêt un bref rappel sur Les mines et les mineurs français d’uranium de 1946 à 1975. Ce texte rédigé par Jacques Blanc retrace en une dizaine de pages alertes les 30 premières années d’un long et constant soutien des autorités françaises en vue d’assurer l’indépendance du pays et la maitrise de ses industriels dans un domaine essentiel et d’avenir. Elles montrent que la position éminente qu’occupe aujourd’hui AREVA dans l’uranium est le résultat de plus de 60 ans d’efforts et de persévérance.