Lancement de nouveaux programmes nucléaires

(26 décembre 2008)

 

Il n’est pas rare d’apprendre qu’un nouveau pays envisage le recours à l’énergie nucléaire et que très vite la Russie, les Etats-Unis ou la France accourent  pour offrir leurs services…

Tout aussi rapidement divers organismes crient au scandale au motif que le demandeur n’a aucun besoin, est doté d’un réseau électrique insuffisant, n’a pas les infrastructures ni les moyens financiers nécessaires pour lancer un tel programme et qu’il y a mieux à faire que de regarder vers une énergie du passé quand l’éolien ou le solaire sont prometteurs…sans oublier les groupes de pression qui se plaisent à souligner combien il est dangereux d’aider un pays peu digne de confiance.

Il n’est pas rare que ce point de vue extrême soit défendu par des gens favorables à l’énergie nucléaire en France mais inquiets des efforts faits pour encourager certains programmes étrangers.

 Et pourtant, indépendamment de tout motif mercantile, il est pleinement justifié de venir en aide à ces pays, en effet:

-          de quel droit réserver l’énergie nucléaire à quelques pays privilégiés ?

-          à quel titre empêcher un pays en voie de développement d’accéder aux outils de ce développement ?

-          pourquoi un pays producteur de gaz ou de pétrole ne serait-il pas, lui aussi, incité à contribuer à la lutte contre le réchauffement climatique ?

-          enfin s’agissant des pays insuffisamment dignes de confiance, n’est-ce pas en les entrainant vers des accords et des systèmes de contrôle internationaux qu’on les aidera le mieux à normaliser leur situation et à s’ « intégrer »?

Inutile de chercher à classer entre eux les pays demandeurs qu’il s’agisse – en allant du plus proche au plus lointain – de l’Angleterre, à l’Italie, la Suisse, la Pologne, les Emirats du Golfe, le Maroc, la Tunisie, l’Inde, l’Afrique du Sud ou le Viet Nam (liste non exhaustive) : certains sont à l’évidence prêts quand d’autres en sont loin, voire très loin ; Les premiers aboutiront en quelques années alors que pour les autres des efforts seront nécessaires pendant 15 ou 20 ans.

Le lecteur intéressé trouvera dans un document récent rédigé par le GR21 de la SFEN (Groupe de réflexion sur l’énergie et l’environnement au XXIème siècle) un ensemble de considérations sur le lancement – ex nihilo – d’un programme nucléaire. On y trouve la liste des principaux préalables nécessaires : formation de spécialistes, mise en place d’infrastructures lourdes, construction de tout un cadre juridique et  technique en vue d’un contrôle indépendant sérieux, installation des autorités de contrôle, établissement des accords internationaux, sans parler bien entendu de tous les aspects techniques (choix, suivi,..), financiers, commerciaux etc.

Tout ceci est à l’évidence une affaire de longue haleine s’étalant sur une quinzaine d’années au moins comme cela est explicité dans le calendrier indicatif (également élaboré par le GR 21). Tout indique que le pays ‘vendeur’ doit absolument contribuer à aider pas à pas le pays ‘acheteur’ à se mettre en mesure de mener à bien son projet. Depuis mai 2008, c’est bien ce que la France se prépare à faire avec la création du Haut-Comité sur l’énergie nucléaire et celle de l’Agence Internationale sur le nucléaire civil.

Le document ne porte que sur la construction de réacteurs et non sur le lancement d’un programme de construction d’installation du cycle combustible(enrichissement de l’uranium, fabrication du combustible ou retraitement/recyclage des combustibles usés) tout simplement parce que de telles installations ne sont adaptées que pour des programmes de grande envergure (pas moins de 10 ou 20 réacteurs soit 15 à 20 GWe) alors que les nouveaux programmes envisagés ne représentent aujourd’hui que quelques unités par pays (1 à 4 soit 2 à 6 GWe). Par ailleurs il convient de souligner que les accords internationaux évoqués ci-dessus encadrent de façon très stricte le lancement de telles installations, enrichissement et recyclage notamment.