Three Mile Island (TMI): 30 ans déjà

L’usage veut que, telle la floraison des marronniers au printemps, la presse rende compte de la catastrophe de Tchernobyl (26 avril 1986) et de ses suites. On peut penser que, fin avril, la tradition sera respectée une fois de plus. La reprise assez générale du développement nucléaire – notamment en France – et le regain de vigueur des mouvements anti nucléaires* qui en découle sont un terreau favorable pour une telle célébration.

Cette année 2009 marque le trentième anniversaire de l’accident de la deuxième centrale TMI 2 de TMI (28 mars 1979) et on peut imaginer que certains voudront profiter de l’évènement pour ranimer certaines peurs à cette occasion.

Un rappel de quelques faits sur cet accident et sur ses suites parait donc opportun d’autant que si l’accident a créé beaucoup d’émoi en raison de la mauvaise réaction de l’exploitant, de la mauvaise appréciation du risque et de la perplexité des autorités, il est rapidement tombé dans l’oubli. En effet l’accident n’a fait aucune victime et n’a eu que des conséquences extrêmement faibles sur l’environnement (rejet dans l’atmosphère de 43000 curies de Krypton, un gaz rare ne réagissant avec aucun organisme). Le confinement ayant bien fonctionné, seul le cœur du réacteur, presque neuf, a été détruit et la société propriétaire a finalement disparu.

En fait, l’accident a été riche d’enseignements qui ont permis de faire avancer la sûreté  et, comme c’est souvent le cas, aboutissant à un mal pour un bien en quelque sorte. Parmi les leçons retenues, citons : l’importance de la défense en profondeur, du facteur humain, des dispositifs d’aide à l’opérateur, de la hiérarchisation des alarmes, du rôle essentiel de l’enceinte de confinement (barrière ultime entre la radioactivité du cœur et le monde extérieur), de l’amélioration de la formation des opérateurs ou encore de l’utilité pour tous les exploitants de partager leur expérience en toute transparence.

Tous les réacteurs ont profité des enseignements tirés de l’accident de TMI 2. On estime que la prise en compte de ces leçons a réduit d’un facteur 10 le risque de fusion de cœur dans les réacteurs « de deuxième génération », soit la plupart des réacteurs aujourd’hui en fonctionnement.

Quant à Metropolitan Edison, la société propriétaire du réacteur, elle fut totalement décrédibilisée et a dû être reprise par sa maison mère GPU qui a assuré le démantèlement après nettoyage du cœur (après conditionnement l’ensemble des ‘débris’ du cœur détruit a été expédié sur le site fédéral de Idaho pour entreposage). TMI 1, la centrale jumelle du réacteur accidenté, est toujours en exploitation et appartient aujourd’hui à Exelon, le plus grand électricien nucléaire américain (17 tranches en service).

L’internaute trouvera ci-joint une courte note sur le déroulement de l’accident et sur les enseignements tirés.

* On se rappelle les divers ‘reportages’ récents – tous à charge et sans nuances – présentés sur différentes chaînes françaises de télévision au cours des dernières semaines : inutilité de l’EPR, contamination de régions entières due aux anciennes mines d’uranium, milliers de mort de Tchernobyl, risque de prolifération due au MOX, etc...