Catastrophe au JAPON
14 mars 2011
Personne ne saurait rester indifférent au malheur qui a
frappé le peuple japonais le 11 mars : un tremblement de terre d’une force
sans précédent dans le pays, immédiatement suivi d’un gigantesque tsunami venu
frapper toute la côte nord-est du pays.
Toute notre sympathie va vers un pays où beaucoup d’entre
nous ont aimé travailler ou séjourner et où ils ont gardé des amis.
Le nombre des morts déclarées et celui des disparitions sont
sans doute très sous-estimés; c’est l’habitude japonaise. La population ne
semble pas montrer de signe d’abattement, pourtant les photos et reportages que
nous recevons montrent un chaos indescriptible.
Survivre dans les régions côtières, directement affectées par
les éléments, est évidemment le premier souci d’une population quelque peu fataliste.
Pour le reste du pays, et notamment à Tokyo, la situation n’est guère brillante
La population ressent la catastrophe avec ses effets concrets : restrictions
de transport, coupures tournantes d’électricité, difficultés d’approvisionnement
des boutiques alimentaires, usines mises à l’arrêt, employés et
fonctionnaires invités pour beaucoup à rester chez eux…la priorité absolue
étant de mettre en oeuvre les secours.
La crainte est manifeste également : crainte de
répliques de séisme et de tsunamis dans les zones déjà affectées à laquelle
viennent s’ajouter la crainte causée par les difficultés considérables rencontrées
par différentes centrales nucléaires, au premier rang desquelles celle de
Fukushima Daiichi qui comporte 6 réacteurs à eau
bouillante (BWR) dont les plus anciens du pays et celle de Fukushima Daini, site distant de quelques km du précédent, qui
comporte 4 réacteurs de même type, plus puissants et plus modernes.
Trois des réacteurs de Fukushima Daiichi
(n° 1, 2 et 3) se sont mis en arrêt automatique (insertion complète des barres
de contrôle dans le cœur) dès les premières manifestations du séisme et, les
lignes d’alimentation de secours étant rompues du fait du séisme, les groupes
électrogènes de secours ont pris le relais normalement mais, une vingtaine de
minutes plus tard, le tsunani a inondé les groupes
qui se sont mis à l’arrêt et a obstrué semble-t-il les prises d’eau en mer…de
sorte que les réacteurs ont été soudain dépourvus de tout moyen de
refroidissement. Or un tel dispositif est indispensable pour assurer la sûreté d’un
réacteur, même à l’arrêt. Depuis le début de ces évènements l’exploitant
bataille pour suppléer à ce défaut de refroidissement dans un contexte très difficile comme on peut
l’imaginer … d’où des relâchements de gaz et de vapeur contaminés pour
éviter la surpression des cuves des réacteurs, d’où l’explosion d’hydrogène
dans les bâtiments recouvrant les réacteurs (signe de présence d’hydrogène du
fait que les cœurs des réacteurs ont partiellement fondu) et l’introduction
volontaire d’eau de mer et de bore dans les cœurs des réacteurs.
A Fukushima Daini l’exploitant
rencontre des difficultés assez comparables sur 3 des 4 réacteurs mais dans un
contexte plus favorable puisque seule la source froide fait défaut.
Bref on observe sur les trois réacteurs de Fukushima Daiichi des processus – malgré de nombreuses et importantes
différences – de même nature que celui observé sur l’un des deux réacteurs de
TMI (Harrisburg USA) en mars 1979. Rien de comparable, en revanche, à une
explosion catastrophique comme celle de Tchernobyl (Ukraine) où en avril 1986 explosait, alors qu’il fonctionnait à pleine puissance, un
réacteur dépourvu d’enceinte de confinement. Loin de nous l’idée de faire
croire que les accidents de Fukushima Daiichi sont
mineurs ou banals, ils sont très graves : on peut d’ores et déjà
considérer les trois réacteurs comme détruits sans pouvoir encore dire si les
évènements pourront être contrôlés de façon satisfaisante de sorte qu’il est encore
trop tôt pour estimer les conséquences sanitaires et environnementales,
d’autant que la situation météorologique, satisfaisante depuis plusieurs jours,
peut, elle aussi, évoluer.
Faute de pouvoir assurer un suivi des évènements en temps
réel nous recommandons à l’internaute de consulter le site de l’Autorité de
Sûreté Nucléaire http://www.asn.fr/ qui semble
être la meilleure source d’informations factuelles en français.