Publication du décret de création de l’EPR Flamanville 3

(12 avril 2007)

 

Le décret autorisant la création de la nouvelle tranche nucléaire EPR Flamanville 3 vient de paraître au Journal Officiel, le 11/04/2007. C’est le dernier acte officiel dont dépendait le lancement de la construction du réacteur sur le site, en effet jusqu’à maintenant les travaux se limitaient à la préparation du site, à la fabrication en usines d’équipements dont la construction est très longue, à la constitution des équipes qui encadreront cette construction et à la poursuite des études.

 

Enfin disent les rares personnes ou responsables qui, en ces temps hautement politiques que traverse notre pays, osent encore se dire clairement favorables à l’EPR !

 

Quel camouflet pour la démocratie clament des gens plus soucieux de transparence que de répondre aux besoins réels du pays et qui réclament déjà de casser le nouveau décret!

 

Quelle tragique et coûteuse erreur disent certains qui approuvent le nucléaire à condition qu’il s’agisse de celui de Génération IV annoncé à l’horizon 2040 et que soient mis progressivement à l’arrêt les réacteurs de Génération II et soit immédiatement abandonné l’EPR de Génération III dont nous n’aurions pas besoin !

 

Quelle honte disent tout haut ceux qui sont les plus hostiles au nucléaire ! A quoi bon aller au secours d’une industrie moribonde et soutenir une technologie dépassée quand l’avenir est aux énergies renouvelables !

 

 

Il y là en effet pour nos concitoyens de quoi perdre le nord : bien peu en effet savent que nos moyens de production d’électricité sont devenus insuffisants au point qu’EDF –sans qu’il soit besoin de débat– prépare la remise en service de centrales au fuel depuis longtemps en sommeil. Personne ne parle non plus des centrales au fuel ou au gaz que construisent en France même de nouveaux producteurs, des centrales juste assez ‘petites’ pour ne pas nécessiter de consultations nationales préalables mais qui produiront une électricité plus chère que l’électricité nucléaire et entraîneront des rejets de gaz à effet de serre.

 

Tous nos concitoyens ont aujourd’hui oublié qu’en fait de « transparence » le lancement de l’EPR a été précédé de 4 à 5 années de débats publics nationaux (Energie en 2003, EPR et déchets nucléaires en 2005 et 2006), Loi sur l’énergie votée au Parlement en 2005 avec enfin une consultation publique locale en 2006. Où est le déficit démocratique ? Serait-il donc plus démocratique de continuer les débats au seul motif que les opposants n’ont pas encore été convaincus ?  Est-il besoin de rappeler que différentes institutions avaient donné leur aval au projet : Conseil Economique et Social, Autorité de Sûreté entre autres ?

 

Les défenseurs de la Génération IV ignorent ou, pour certains, font semblant d’ignorer que la filière la plus prometteuse est celle des réacteurs de type SuperPhénix dont l’arrêt à été décidé en 1995 quand –après bien des années de difficultés, voire de grosses difficultés– la centrale marchait enfin très bien.

 

Bien peu en France sont à même de décrypter les messages le plus souvent partisans dont ils sont abreuvés depuis de nombreux mois. Focalisés sur le débat national, savent-ils seulement que non loin d’être en déclin le nucléaire est à travers le monde en pleine renaissance : il repart dans beaucoup de pays où il existe déjà, ceux qui ont décidé l’arrêt sont à la recherche des moyens d’arrêter l’arrêt, ceux qui n’y ont jamais eu recours envisagent de lancer des programmes. Ce sujet, à lui seul mériterait une information complète. Le risque aujourd’hui n’est donc plus de voir le nucléaire disparaître mais celui de voir celui-ci se développer trop vite sans que les autorités aient eu partout le temps ou les moyens de mettre en place les organes de contrôles nécessaires et de favoriser la formation des compétences qu’un tel développement requiert.