Sommet du G8 de Saint -Pétersbourg de juillet 2006 (31 juillet 2006)

 

Présidé par la Russie, le G8 devait être largement consacré aux problèmes de l’énergie, c’est du moins ce que souhaitaient les uns et les autres, à vrai dire pour des raisons assez variées. En fait la nouvelle crise ouverte au Moyen Orient n’a pas permis un débat aussi serein et approfondi qu’espéré. Pour ce qui est du développement de l’énergie nucléaire, les choses étaient cependant entendues bien avant le début de la réunion: alors que Bush, Poutine, Blair et Chirac étaient prêts à approuver un texte très volontariste, ceux-ci ont dû, sous la pression de la chancelière allemande, se contenter d’un texte très anodin. A la tête d’une coalition droite/gauche et sans remettre celle-ci en cause, Mme Merkel ne pouvait bien sûr pas adhérer à une motion à laquelle elle-même et son parti sont favorables mais qui est en contradiction avec l’accord de gouvernement. En définitive la déclaration du G8 est faiblarde (…nous nous engageons à encore réduire les risques par un usage prudent de l’énergie nucléaire,...) voire mauvaise puisqu’une fois de plus les mots risques et énergie nucléaire se trouvent fâcheusement associés dans une même phrase. Cette relance voulue par les Grands venait trop tôt pour l’Allemagne…mais dans deux ou trois ans, quand la coalition aura disparu, il n’y aura sans doute plus besoin de déclaration commune : la relance sera là.

 

Ce contexte éclaire les déclarations du président George W. Bush faites à l’occasion d’une visite amicale rendue à madame Angela Merkel, chez elle en dehors de Berlin, trois jours avant la réunion de Saint Pétersbourg : "l'énergie nucléaire, compte tenu des craintes sur le réchauffement de la Terre, est un élément clé" a-t-il souligné, reprenant ainsi l’un des thèmes qu’il défend sans relâche dans son pays depuis maintenant 6 mois.

 

Ce point de vue a été largement développé dans un entretien accordé au grand journal allemand "Handelsblatt" qu’a repris, en France, dès le 12 juillet "La Tribune" à qui nous empruntons la traduction : "Pour un défenseur de la nature, l'utilisation pacifiste du nucléaire ne peut être qu'une bonne solution. Mais c'est une décision politique que chaque pays doit prendre en son âme et conscience", ajoute-t-il, notant qu'il est de "l'intérêt commun" que l'Inde et la Chine "reportent leur appétit en carburants fossiles sur le nucléaire".

 

"Globalement nous sommes trop dépendants des hydrocarbures, qui proviennent en partie de régions instables"…. "On peut s'en accommoder à court terme. Mais à long terme, au moins pour les Etats-Unis, il en va de la sécurité énergétique nationale. Le seul moyen de résoudre le problème est de diversifier l'approvisionnement pour se rendre indépendant des carburants fossiles".  "L'objectif serait que les autos soient capables de rouler sans essence sur les 60 à 70 premiers kilomètres. Il est imaginable également de recourir à l'essence-éthanol ou à des moteurs à hydrogène (...) Nous investissons déjà plus d'un milliard pour les technologies liées à l'hydrogène. L'ensemble des acteurs mondiaux doivent travailler dans cette direction".

 

Bref, une déclaration forte, sans doute proche du sentiment personnel d’Angela Merkel, mais l’histoire ne dit pas si celle-ci s’est sentie embarrassée, ou au contraire encouragée, par les propos de George W. Bush.