Que penser des annonces d'implantation d'éoliennes  5/12/2005

 

Il ne se passe guère de semaine sans que la presse et la télévision ne nous abreuvent d’articles et de reportages plus ou moins élogieux sur les éoliennes, soulignant combien la France est en retard dans ce domaine.

 

Certains reportages se font l’écho de critiques parfois musclées à l’encontre des nuisances sonores ou visuelles de ces épouvantails (certains écrivent épouventails) que sont les éoliennes dont les modèles les plus récents atteignent 130m de haut et ont une puissance maximale de 2,5MWe quand le vent est idéal, soit 20 à 25 m/s. Beaucoup de reportages indiquent les retombées fiscales au plan local sans évoquer le bilan pour la collectivité nationale sauf pour dire que 3000 éoliennes du plus grand modèle suffisent pour remplacer un réacteur EPR de 1600MWe comme celui qu’EDF projette de construire à Flamanville. Essayons d’y voir clair.

 

Au plan production tout d’abord: à un instant donné, un EPR produit autant de puissance électrique que 650 éoliennes de 130m de haut quand celle-ci sont en régime nominal mais tout au long de l’année un EPR fournit en fait autant d’énergie électrique que 3000 éoliennes car celles-ci, compte tenu des caprices du vent, fonctionnent en France environ 25% du temps (1 jour sur 4) ce qui est beaucoup mieux qu’en Allemagne (1 jour sur 7) où les conditions sont moins favorables. La production d’un EPR est régulière et prévisible, celle des éoliennes est intermittente et instable, en conséquence dans le cas d’un investissement en éoliennes il est indispensable de créer aussi un moyen de production de remplacement pour assurer la permanence d’alimentation du réseau et pour assurer une reprise rapide il faut que ce moyen soit une centrale à gaz ou à fuel.

 

 Pour un même service (une quantité d’énergie produite de façon sensiblement régulière), ce n’est pas 3000 éoliennes qu’il faudra construire au lieu d’un EPR de 1600MWe mais 650 éoliennes  +  une centrale à combustible fossile de 1600MWe.

 

Fonctionnant environ 3 jours sur 4, cette centrale à combustible fossile serait équivalente à 2,5 tranches  au charbon de type de celles implantées à Cordemais, près de Nantes, brûlant 4,3 millions de tonnes de charbon par an ou à 2,5 tranches au fuel du type de celles installées au Havre et brûlant 2,7 millions de tonnes de pétrole par an ou encore à une centrale au gaz consommant 3 ,8 milliards de m3/an. Un vrai écologiste envisagerait sans doute une centrale brûlant 10 millions de tonnes d’ordures ménagères par an.

 

Ainsi, sans qu’il y paraisse et de façon inattendue, les éoliennes conduisent indirectement à réchauffer la planète……sauf si on se contente d’une production aléatoire et qu’on accepte les coupures de courant quand il n’y pas de vent…mais aucun des promoteurs du vent ne le dit et aucun consommateur ne l’accepterait.

 

Ceci montre qu’en France substituer de l’éolien au nucléaire n’a guère de sens et ne procure aucun gain  en ce qui concerne la réduction des rejets de gaz à effet de serre, bien au contraire.

 

Au plan économique maintenant : le coût complet de production d’une éolienne de bonnes performances bien située devrait en 2015 être compris entre 43 et 53 €/MWh, à comparer à  29€ pour l’EPR, 32 pour le charbon en lit fluidisé, 34 pour le charbon pulvérisé et 35 pour le gaz à cycle combiné, c’est dire que les éoliennes ne peuvent exister sans subventions.

 

La retombée locale fiscale est par an de l’ordre de 2 millions d’€ par machine de 2,5 MWe alors que du fait de l’obligation faite à EDF de racheter la production à un prix imposé très élevé le propriétaire des machines touche une rente de 0,15 à 0,20 millions € par an et par appareil.

 

Tout cela signifie qu’une éolienne est une aubaine pour celui qui investit et pour la localité où elle est implantée et voilà pourquoi certaines localités sont enthousiastes; en revanche, on sait qu’il n’y a guère de retombées pour le pays pendant la construction puisque les fabricants,  les fournisseurs et les constructeurs sont étrangers.

Pendant la période d’exploitation, c’est doublement une mauvaise affaire pour le « service public de l’électricité » qui doit racheter très cher la production et doit avoir fait ailleurs les investissements nécessaires pour relayer cette production à tout moment quand le vent tombe. On comprend pourquoi EDF envisage d’investir dans l’éolien.

 

 

Bref pour le pays, pris dans son ensemble, les éoliennes ne sont que des compléments de production d’électricité coûteux et aléatoires …….à telle enseigne que le ministre de l’industrie, annonçant le 14 septembre 2005 le lancement du premier parc français d’éoliennes implantées en mer (105MW au large de Veulette-sur-Mer / Seine Maritime), a précisé que « la production serait rachetée à un tarif garanti de 100€/MWh, à comparer à un prix de l’électricité sur le marché de gros de 45€/MWh ». Cela devrait représenter, ajoutait-il, « une charge pour le service public de l’électricité de l’ordre de 17 Millions € par an, qui sera répartie sur la facture des consommateurs finaux d’électricité »…… Chacun aura bien sûr compris que ces 17M€ correspondent à ce seul parc éolien de 105 MW, que pour l’ensemble du parc français prévu pour atteindre de 5 à 12 000 MW en 2010 il faut considére une charge augmentée proportionnellement, et chacun, engouement personnel ou non pour les éoliennes, apportera sa contribution en tant que client final d’EDF.

 

En France néanmoins il n’est pas rare d’entendre certains spécialistes dire qu’énergies nucléaire et éolienne sont complémentaires et peuvent contribuer ensemble à un mix énergétique équilibré : une énergie compétitive en production de base, l’autre une énergie complémentaire au gré des conditions climatiques, l’une et l’autre sans émission de gaz à effet de serre.

 

Ces différentes conclusions, valables en France, ne sont pas nécessairement vraies ailleurs par exemple en Allemagne qui a sensiblement moins de nucléaire que la France et se prépare à en réduire encore l’importance ou au Danemark qui n’en a pas du tout. Dans ces deux pays l’énergie éolienne qui vient en substitution de la production d’électricité par le thermique à flamme (charbon,pétrole et gaz) permet une économie en terme de CO2 rejeté au prix des quelques inconvénients que sont les surcoûts et les nuisances propres à l’éolien.

 

                                                           On en lira plus dans le document du GR21……