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Les Produits Phytosanitaires

Index
1. Que sont les produits phytosanitaires (ou pesticides)
2. Source d’émissions des pollutions par les produits phytosanitaires
3. Toxicité
4. Dispositions réglementaires
5. Programme de réduction de la pollution des phytosanitaires
6. Conclusions et recommandations
7. Pour en savoir plus – sites consultables


 

1. Que sont les produits phytosanitaires (ou pesticides)

Les produits phytosanitaires, aussi appelés, pesticides ou produits de protection des plantes, sont des produits utilisés pour combattre les ennemis des plantes et des cultures.

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Dans la suite du texte on utilisera indifféremment le mot phytosanitaire ou pesticide.

 

Les pesticides (insecticides, herbicides, fongicides : contre les champignons, raticides, etc.) sont des composés chimiques dotés de propriétés toxicologiques, utilisés principalement par les agriculteurs pour lutter contre les animaux (insectes, rongeurs, acariens, escargots etc.) ou les plantes (champignons, mauvaises herbes) jugés nuisibles aux plantations. Le premier usage intensif d’un pesticide, le DDT, remonte à l’époque de la seconde guerre mondiale.

 Un pesticide est composé d’un principe actif d’origine naturelle ou synthétique et d’additifs pour renforcer l’efficacité de la molécule active. Il est dilué dans l’eau pour être appliqué sur les zones à protéger.

 

Les principaux pesticides utilisés actuellement appartiennent à quelques grandes familles chimiques :

  • Les organochlorés (hydrocarbures chlorés), comme le DDT (trichlorodiphényl-trichloroéthane) synthétisé dès les années 1940, sont des pesticides très stables chimiquement. Le DDT a été utilisé partout dans le monde dans la lutte contre les insectes, jusqu'à ce que l'on découvre qu’il était peu dégradable et pouvait se concentrer dans les organismes en bout de chaîne alimentaire, par bioaccumulation, avec des risques certains pour la santé humaine (cellules nerveuses par perturbation du métabolisme du calcium). Son utilisation est aujourd’hui interdite dans de nombreux pays tempérés, mais on en trouve encore beaucoup dans les milieux aquatiques. En outre, ils continuent à être employés dans certains pays tropicaux où il faut cependant mentionner qu’il est très efficace contre les épidémies de malaria et des proliférations de criquets.
  • D’autres substances organochlorées ou halogénées (bromure de méthyle, hexachlorocyclohexane, divers défoliants etc.) sont actuellement utilisées.
  • Les organophosphorés sont des composés de synthèse qui se dégradent assez rapidement dans l’environnement mais qui ont des effets neurotoxiques sur les vertébrés. Le principal produit est le glyphosate (commercialisé sous le nom de Roundup) lequel est le désherbant le plus utilisé.
  • Les pyréthroïdes sont des insecticides synthétiques qui dérivent de la pyréthrine naturelle des chrysanthéniums du Kénya. Toxiques pour les organismes aquatiques mais entièrement biodégradables.
    L’auteur de ces lignes a participé à son développement industriel chez Roussel Uclaf et Hoeschst devenu ensuite Aventis dans les années 1970.
  • Les carbamates,  toxiques pour l’homme, sont utilisés comme insecticides et fongicides.
  • La famille des triazines (fongicides). Ces produits réagissant avec le sol lors de leur migration (piégeage, relargage, spéciation), l’évaluation de leur devenir et de leur impact se révèle difficile.
  • Les composés organométalliques (mercure, cuivre etc.) bloquent le métabolisme associé aux groupes SH des protéines.
  • Les composés organonitriques (dinitrophénol, tétranitrocarbazol etc.) bloquent la formation ATP du système respiratoire.

 

2. Source d’émissions des pollutions par les produits phytosanitaires

Le secteur agricole (94 % du total), les espaces verts et les jardins individuels 3 % : 17 millions de foyers ont un jardin dont la moitié utilise des phytosanitaires) ou collectifs (3 %) sont les principales sources d’utilisation de produits phytosanitaires.
 Les herbicides représentent environ 43 % de la consommation française, suivent ensuite les insecticides pour 16 % les fongicides pour 10 %, et les autres pour 31 %.
La France est le 3ème consommateur mondial de pesticides (après les USA et le Japon) et le premier européen devant l'Allemagne (plus de 120 000 tonnes utilisées en 1999 selon UIPP, rapport 2000). La France est également le pays d'Europe qui a le plus de substances autorisées sur le marché : 527 qui entrent dans la composition de 2600 spécialités commerciales, en décembre 2000.
Les ventes en France ont tendance à baisser depuis 2000 et  les industriels s'emploient à limiter la toxicité de leurs nouvelles molécules.

 Malheureusement, sur la quantité de pesticides épandue, généralement sous forme d’aérosols de quelques dizaines de micromètres,  seule une fraction remplit son office. En effet, une partie est dispersée dans l’atmosphère, soit lors de leur application, soit par évaporation ou par envol à partir des plantes ou des sols sur lesquels ils ont été répandus. Disséminés par le vent et parfois loin de leur lieu d’épandage, ils retombent avec les pluies directement sur les plans d’eau et sur les sols d’où ils sont ensuite drainés jusque dans les milieux aquatiques par les eaux de pluie (ruissellement et infiltration). Les pesticides sont ainsi aujourd’hui à l’origine d’une pollution diffuse qui contamine toutes les eaux continentales : cours d’eau, eaux souterraines et zones littorales.

D’autre part les produits phytosanitaires et leurs métabolites (les produits de décomposition) résiduels, non absorbés par les organismes nuisibles,  représentent souvent de 2 à 3 mg par kilogramme de terre dans les 15 cm de la couche supérieure du sol.

 

3. Toxicité

Remarques préliminaires :

Si les pesticides sont d’abord apparus bénéfiques, leurs effets secondaires nocifs ont été rapidement mis en évidence. Leur toxicité, liée à leur structure moléculaire, ne se limite pas en effet aux seules espèces que l’on souhaite éliminer. Ils sont notamment toxiques pour l’homme.

 

Estimer les effets sur les écosystèmes d’une pollution liée aux pesticides s’avère difficile, car il existe un millier de familles de pesticides, soit des dizaines de milliers de noms commerciaux de pesticides. Ils sont en outre utilisés à faibles doses et leurs comportements sont très divers. Leur impact dépend à la fois de leur mode d’action (certains sont beaucoup plus toxiques que d’autres), de leur persistance dans le temps (certains se dégradent beaucoup plus rapidement que d’autres selon les sols : pH, température, humidité, nature du sol …) et de leurs sous-produits de dégradation lesquels sont parfois plus toxiques et se dégradent moins vite que le composé initial. De ces faits, leurs effets sur le vivant sont, eux aussi, encore très mal connus.

 

 Mais une des sources la plus importante de contamination par des pesticides demeure la négligence : stockage dans de mauvaises conditions, techniques d’application défectueuses, rejet sans précaution de résidus ou d’excédents, ou encore pollutions accidentelles comme, par exemple, lors du rejet accidentel de 1 250 tonnes de pesticides dans le Rhin, en novembre 1986.

La toxicité aiguë (forte dose en une seule fois par le test dit DL 50 (dose létale pour laquelle 50 % de la population des animaux testés meurent, évaluée en mg de la substance par kg de poids de corps de l’animal) est très variable selon les organismes testés (daphnies, algues, poissons, souris, rats etc.).
Leur toxicité chronique (petite dose durant toute une vie) long terme est encore mal connue.

Les principaux reproches sont :

  •  l’impact sur les populations d’animaux utiles (vers de terre, coccinelles etc.) et les microorganismes vivant dans le sol,
  • l’impact sanitaire sur l’homme est plus mal connu du fait de l’utilisation des produits en « cocktail » dont il n’est pas scientifiquement admis d’additionner des effets sanitaires de pathologies différentes – à la différence de l’additivité des sieverts -. (*)
  • la pollution des nappes d’eau souterraines.
  • diminution de leur efficacité par la résistance de certains insectes,
  • blocage de la photosynthèse,

(*) Les principales pathologies sont : diminution de la fertilité : altération de la spermatogenèse, les effets neurologiques (risque  d’inhibition des enzymes essentielles pour la transmission de l’influx nerveux : les acétylcholinestérases), respiratoires, oculaires, cutanés, la diminution des défenses immunitaires, sur l’appareil digestif, les leucémies, les cancers du sein, les asthmes etc.
Les femmes enceintes, les bébés et les jeunes enfants sont plus menacés (cancers soupçonnés pour certains pesticides),

 

4. Dispositions réglementaires

Avant d’être mis sur le marché, comme un médicament, un pesticide fait l’objet de nombreuses études encadrées réglementairement, afin de s’assurer de l’innocuité du produit.
Le dossier d’homologation en vue d’obtenir la mise sur le marché comprend :
- l’efficacité du produit et sa sélectivité,
- l’impact sur la santé par expérimentation sur des animaux : dont la toxicité aiguë : forte dose en une seule fois, toxicité chronique : absorption de petites doses durant toute une vie.

Cependant durant la vie commerciale d’un produit, des nouvelles connaissances acquises, en particulier concernant les impacts sanitaires à long terme,  peuvent remettre en question l’autorisation de mise sur le marché du pesticide. C’est le cas par exemple de l’atrazine herbicide commercialisé en 1962 et interdit en 2003, le lindane insecticide interdit en 2003.

Normes de l’eau destinée à la consommation humaine :
Ces limites sont imposées aux producteurs d’eau potable.

 Limites fixées par le Code de la santé publique pour les teneurs de pesticides à l'égard des eaux destinées à la consommation humaine en France.

 Niveau de traitement des eaux

Substance active individuelle
(y compris les produits de dégradation)

 Somme des substances actives

 Eau pouvant être distribuée sans traitement spécifique d'élimination des pesticides

 ≤ 0,1 μg/l (1)

  ≤ 0,5 μg/l

 Eau nécessitant un traitement spécifique d'élimination
des pesticides avant distribution 

 0,1 μg/l < teneur < 2 μg/l

 0,5 μg/l < teneur < 5 μg/l

 Eau ne pouvant être utilisée qu'après l'autorisation
du ministère chargé de la santé, et après un traitement
d'élimination des pesticides.

 > 2 μg/l

 > 5 μg/l

(1) sauf aldrine, dieldrine, heptachlore, heptachlore époxide : ≤ 0,03 μg/l.

 

5. Programme de réduction de la pollution des phytosanitaires :

Bonnes pratiques agricoles de réduction du risque de pollution des eaux.
En France, un « code national des bonnes pratiques agricoles », d'application volontaire en dehors des zones vulnérables, a été défini en application de la directive européenne 91/676/CEE du 12 décembre 1991, dite « directive nitrates ». La transposition de la directive en droit français a été assurée par le décret n° 93-1038 du 27 août 1993. Sa rédaction a été assurée par le CORPEN (Comité d'ORientation pour des Pratiques agricoles respectueuses de l'ENvironnement).

 Le code s'appuie sur les bases scientifiques et techniques existantes. L'objectif de ce code est de réduire les transferts de nitrates vers les eaux souterraines et de surface. Ce code s’applique également aux épandages de pesticides. Il a fait l'objet d'un arrêté du ministère de l'Environnement en novembre 1993. Le code comprend :

  • un ensemble de recommandations sur l'épandage, le stockage des engrais de fermes dans les exploitations, la gestion des terres et de l'irrigation ;
  • une base minimale pour les programmes d'action en zone vulnérable, prévus dans la directive « nitrate » ;
  • un cahier des charges pour les différents opérateurs du monde agricole (institutionnels, distribution, etc.).
    La plus connue des nombreuses recommandations du Code des bonnes pratiques agricoles porte sur les périodes pendant lesquelles les épandages sont inappropriés.

Par ailleurs, les ministères en charge de l'environnement et de l'agriculture ont mis en place en août 2000 un programme de réduction des pollutions par les produits phytosanitaires, afin de renforcer les contrôles réalisés sur ces derniers. Celui-ci prévoit des mesures au niveau national et au niveau régional.
Les bonnes pratiques agricoles (ou BPA) constituent un ensemble de règles à respecter dans l’implantation et la conduite des cultures de façon à optimiser la production agricole, tout en réduisant le plus possible les risques liés à ces pratiques, tant vis-à-vis de l’homme que vis-à-vis de l’environnement. En matière de protection des plantes, on peut également les nommer « bonnes pratiques phytosanitaires (BPP) ».

 

6. Conclusions et recommandations

Renforcer la fiabilité des procédures d’autorisation de mise sur le marché par les études en vue d’augmenter les connaissances et les actualiser périodiquement après la commercialisation (REX).

Les produits phytosanitaires doivent être utilisés dans l’agriculture lorsque c’est indispensable, en optimisant les quantités utilisées au strict nécessaire.

L’utilisation des produits phytosanitaires dans les jardins privés est très importante (10 fois plus de produits par m2 que l’agriculteur ce qui induit une pollution non négligeable. Des solutions simples et efficaces évitent de recourir à des produits phytosanitaires agressifs (par exemple piégeage des limaces, traitement à l’eau savonneuse, couper une branchette envahie de chenilles, etc.) de nombreux ouvrages existent sur ce sujet.
Les utilisations de pesticides doivent être limitée et, en particulier dans les allées de graviers où la faible quantité de plantes présente ne permet pas  piéger les excédents de produits qui iront polluer les nappes d’eaux souterraines.

 Il convient d’utiliser les équipements de protections (combinaison, gants, bottes, lunettes de protection) lors de la manipulation des produits.

Ne pas vider les excédents des sacs ni laver les instruments au dessus d’un égout mais recueillir dans un bac en vue du recyclage dans les sols.

Développer l’agriculture « raisonnée » en utilisant moins de pesticides et d’engrais afin de diminuer la pollution des eaux.

Promouvoir auprès des consommateurs la qualité gustative des produits agricoles plus sains même au détriment des rendements agricoles et donc avec des coûts plus élevés, tout en recommandant l’augmentation de la consommation des légumes et des fruits (prévention du cancer).

 

7. Pour en savoir plus – sites consultables

http://www.mce-info.org/pesticides.php
http://www.cnrs.fr/cw/dossier/doseau/decouv/degradation/decouv/06_pollution.htm
http://www.doctissimo.fr/htm/nutrition/mag0412/nu_5380_sante_pesticides.htm
http://www.parl.gc.ca/InfoComDoc/36/2/ENVI/studies/Reports/envi01/12-ch5-f.htm#R2 (Canada)
http://www.uipp.org
http://www.inra.fr/agricox
http://www.sante.gouv.fr
http://www.epa.gov/pesticides       (agence environnementale des USA)
http://www.pesticidein.org/Docs   (bible des produits phytosanitaires en anglais)
http://www.wikipedia/wiki/pollution
http://www.protectiondesrecoltes.fr  (union des Industries Protectrices des Plantes : UIPP)

 

 

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